DATE: 09/08/2006
Le peuple Aïnu a presque disparu. Ils étaient petits, poilus, et blancs dans un pays pourtant asiatique. Ils auraient été les premiers habitants du Japon. Il en reste encore quelques centaines dans le Nord, sur l'île d'Hokkaido. Leur art ressemble un peu à celui des Haidas de l'île de Vancouver, de l'autre côté du Pacifique. Les motifs de leurs vêtements sont extrêmement graphiques. Leur art traditionnel rivalise, je trouve, à celui de nos meilleurs et plus modernes designers d'aujourd'hui. Leurs motifs s'inspirent peut-être du cartilage de certains poissons, des branchages des cerisiers, des cristaux, des formations minérales ou des ailes de papillons ? Peut-être la force de leur art provient-elle d'une limpide appropriation des formes naturelles à la Gaudi mais le tout abstrait et harmonisé jusqu'à atteindre des compositions parfaites qui vont au-delà de la nature perçue.
Je rêvasse sur les Aïnu, il y a quelques siècles, face au vaste et propre océan Pacifique : feu de bois, odeurs de feu et de plantes, le silence et les bruits de la nuit, de l'eau et du vent. La chasse et la pêche. Le bruit des feuilles sous les pieds. La neige et la glace qui craque l'hiver. Le petit nuage de leur haleine accrochant des glaçons à leur barbe. Je les imagine en train de tresser devant leurs maisons dans un silence chatouillé d'oiseaux. De s'engueuler. Je me demande à quoi ressemble la langue Aïnu...Le bruit des pilons et aboiements de chiens. Peut-être faisaient-ils l'amour sous les étoiles, ou bien sous des peaux de bêtes à l'intérieur de leurs cabanes qui sentaient peut-être la cendre, l'argile, les fruits rouges et le poisson fumé ? Au temps des alevins dans les ruisseaux et du lichen sur les arbres. A l'époque, pas d'autoroutes, quelques îles perdues. Des baleines au large.
Ouaip. Enfin bon, je suis à Ménilmontant, le 8 septembre 2006, entouré par des centaines de murs et d'autoroutes tentaculaires. Le grand théâtre de Paname ne manque pas d'acteurs. Je vais quand même sortir boire un verre quelque part, histoire de mettre une fourmi de plus dans la fourmilière.
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